Au cours du 20ième siècle, le développement régional s'est appuyé sur des politiques macro-économiques et de croissance polarisée ayant pour but de réduire les disparités régionales. La théorie des pôles de développement selon laquelle les investissements publics et privés devaient être concentrés dans les pôles urbains stipulait également que les régions périphériques bénéficieraient des retombées de la croissance des centres urbains. Actuellement, ces bases économiques sont remises en cause par les tenants des sciences régionales car elles ont favorisé un développement inégal et accentué les disparités régionales.
Conséquences de ces politiques macro-économiques, des territoires se retrouvent marginalisés étant devenus économiquement dysfonctionnels dans la logique concurrentielle dominante. La dévitalisation sociale, démographique et économique de nombreuses collectivités québécoises est ainsi devenue un phénomène important et inquiétant.
Au fil des 30 dernières années, se sont succédées diverses instances politiques et plusieurs programmes d'aide au développement des régions. Malgré ces efforts louables, on assiste toujours au déclin de nombreuses collectivités. Et, devant l'insatisfaction liée à la mise en oeuvre de véritables politiques de développement régional, la notion de développement local a émergé comme une pratique novatrice de soutien aux zones dévitalisées.
Par ailleurs, face à la perte d'activités de ces zones, le tourisme, industrie en pleine croissance, est identifié par plusieurs comme un axe de redressement socio-économique. La villégiature, comme forme de tourisme peut contribuer à atténuer les disparités économiques régionales car elle engendre un déplacement salutaire d'individus en provenance de centres urbains vers des territoires périphériques. Par contre, trop souvent encore la villégiature entraîne une détérioration de la qualité de vie de la population d'accueil en plus de provoquer une dégradation de l'environnement biophysique.
C'est donc dans cette perspective de revitalisation par la villégiature que cette étude a été réalisée, le principal objectif étant d'évaluer dans quelle mesure les impacts socioéconomiques et environnementaux générés par la villégiature peuvent agir comme levier de revitalisation des territoires dévitalisés.
La mise en oeuvre de cette recherche s'est appuyée sur un cadre de référence intégrant des connaissances issues des domaines du développement local et de la gestion environnementale des écosystèmes lacustres. La sélection du territoire à l'étude s'est articulée autour des deux concepts centraux de cette recherche: la dévitalisation territoriale et la villégiature. Le choix de ce territoire s'est posé sur la M.R.C. de Mékinac et plus spécifiquement, sur le lac Mékinac, un des principaux sites de villégiature du territoire.
Pour arriver à mesurer l'impact de la villégiature exercée au lac Mékinac, la méthodologie employée a exigé l'utilisation de données primaires et secondaires. La collecte des données primaires a été réalisée à l'aide d'un questionnaire d'enquête administré auprès des villégiateurs du lac Mékinac, d'une grille d'évaluation des impacts des aménagements riverains et d'une grille d'analyse du paysage. D'autre part, l'utilisation de données secondaires a permis de recueillir des informations relatives à la situation sociodémographique et économique du territoire à l'étude. Des données secondaires ont également été employées pour évaluer certains impacts environnementaux.
Les résultats des analyses effectuées démontrent que bien que l'on enregistre des répercussions positives sur le milieu d'accueil, les bénéfices engendrés par la villégiature ne réussissent pas à eux seuls à la revitalisation socio-démographique et économique de la collectivité d'accueil.
Néanmoins, les principaux constats dégagés de cette expérimentation mettent en évidence la nécessité d'apporter certaines modifications dans la gestion et dans l'aménagement de sites de villégiature et ce, en vue d'accroître les bienfaits socioéconomiques et environnementaux générés par cette forme de tourisme.