RÉSUMÉ
Cette étude exploratoire porte sur le temps et le tourisme, et s'inspire des connaissances acquises sur la notion de temps, par la sociologie du temps ou des temps sociaux, pour examiner les connaissances et les informations disponibles sur le tourisme.
Cette lecture du tourisme dans une persperctive temporelle permet de positionner le tourisme à l'échelle sociale, notamment par rapport aux temps libre, de vacances et de loisirs. Ces différents temps sociaux, les changements dans les représentations et conceptions du temps, la mutation des valeurs et la présence d'une structuration prononcée du temps ont contribué à favoriser l'expansion de la pratique du tourisme. Ses effets dans les zones ou collectivités émettrices et réceptrices de touristes sont autant d'ordre économique, social que culturel. Le tourisme se révèle être un temps social important et de plus en plus présent dans nos sociétés. Cependant, peu d'études l'ont étudié sous l'angle d'un temps social.
Cette étude examine également l'importance du temps de tourisme à l'échelle individuelle. Elle met en évidence que les études sur les touristes sont parcellaires et fragmentaires, et que les connaissances acquises à leur sujet sont ponctuelles et difficilement généralisables. Elle permet de constater que, dans leur environnement quotidien, les individus sont susceptibles d'être mis en contact avec le temps de tourisme, qu'ils aient ou non déjà réalisé un séjour en voyage, notamment à cause de la diffusion sociale de ce temps qui a cours dans nos sociétés. Cette étude se propose d'étudier les individus-touristes à l'aide du modèle théorique du touriste de Jafari (1985, 1988), lequel permet de considérer que le temps de tourisme est un temps continu, qui implique à la fois le temps de voyage proprement dit (séjour en voyage) et, le temps de l'avant et de l'après voyage, soit le temps de tourisme dans la vie quotidienne des individus.
Les résultats obtenus par cette étude ne sont pas généralisables parce que la population à l'étude a peu d'ampleur (44 individus). Toutefois, l'analyse descriptive des résultats tend à montrer que les individus-touristes sont sensibles aux manifestations du temps de tourisme dans le cadre de leur environnement quotidien, entre autres, par le biais de certains intermédiaires, tels que les informations écrites (journaux, revues, livres-guide et brochures publicitaires), les informations visuelles (images ou photographies dans les journaux ou revues, et les émissions de télévision) et le groupe d'appartenance (conjoint(e), parenté, ami(e)s et connaissances). Elle fait ressortir que les individus posent certains gestes qui permettent au temps de tourisme de s'immiscer et de se mêler à leur temps quotidien; que ce soit lors de la planification et de l'organisation d'un temps de voyage (décisions: itinéraire, destination, activités, visites, etc), ou lors du retour du séjour en voyage (objets-souvenirs, récits, etc.). Il se dégage de cette analyse que le temps de tourisme a tendance à atteindre aussi les personnes proches de l'entourage des individus-touristes même si celles-ci ne sont pas directement concernées par le temps de voyage proprement dit (séjour en voyage).
Cette analyse s'interroge et discute également de la méthodologie concernant l'opérationnalisation du cadre conceptuel d'analyse, notamment sur la pertinence des concepts, variables, indicateurs et indices retenus.
Enfin, cette analyse n'a pas été en mesure d'évaluer l'importance de la présence du temps de tourisme et de ses implications dans la vie quotidienne des individus. Elle a permis, cependant, de mettre en évidence, en éprouvant le modèle théorique du touriste de Jafari (1985, 1988), que l'étude du tourisme dans une perspective temporelle est faisable et qu'il est souhaitable de l'approfondir pour parvenir à une meilleure compréhension de ce temps social.