Trangression des règles au soccer-football québécois chez des joueurs de 14-15 ans
Marc St-Louis
03-2201188

RÉSUMÉ

Il est captivant de voir les jeunes se lancer dans la compétition sportive. Ils éprouvent une fascination à devenir champion. Certains sont prêts à prendre tous les moyens pour y arriver. Le dépassement de soi et des adversaires fait trop souvent place au dépassement des règles et de l'éthique sportive.

En même temps, le sport est présenté par ses promoteurs comme une activité éducative, un lieu d'accès à la morale qui conduit à l'apprentissage du fair-play.

Interpellé par cette problématique, nous avons voulu connaître la nature et la quantité des transgressions de règles lors des matches de soccer-football. Le terme transgression est ici utilisé pour éviter tout jugement moral. Il n'est pas question d'agressivité ou de violence, mais bien de gestes précis qui sont proscrits par les règlements. De cette façon, il est plus facile de déterminer ce qui doit être codé ou non.

Le système d'observation des transgressions des règles développé par Pfister sera utilisé pour l'analyse des interactions adversives manifestées par des garçons et des filles de 14 et 15 ans lors de 18 matches de soccer-football québécois observés lors de quatre tournois.

Ce système divise en interactions adversives non conformes aux règlements IANCR opératoires, qui sont dans le contexte d'une action de jeu et les interactions adversives non conformes aux règlements IANCR non opératoires qui ne sont pas dans le contexte d'une action de jeu et qui sont de nature verbales ou gestuelles. De plus, les sanctions appelées par l'arbitre ont été relevées.

Après avoir codé, décodé et analysé les résultats, 1786 interactions adversives non conformes aux règlements (IANCR) au total ont été compilées, pour une moyenne de 99,2 par match. Une observation intéressante, les arbitres sanctionnent 17% des IANCR observés. Plus précisément, 9% des fautes non opératoires et 74% sont opératoires. Dans une comparaison entre la pratique masculine et féminine, les garçons commettaient en moyenne 81 IANCR opératoires et non opératoires par match et les arbitres sanctionnaient 19,38 fois par partie. Les filles commettaient 85 IANCR opératoires et non opératoires par match et les arbitres sanctionnaient 8,4 fois par partie. Avec un test sur deux moyennes t (student) en tenant compte des IANCR seulement, il n'y a pas de différence significative entre les garçons et les filles. Mais en ajoutant les sanctions, les garçons commettraient significativement, à 0,05 bilatéral, plus d'IANCR que les filles.

Autre facteur intéressant à analyser, l'issue de la rencontre. Est-ce que les perdants commettent plus d'IANCR que les gagnants? L'étude révèle qu'au total des IANCR et des sanctions, les perdants en commettaient 48,41 par match alors que les gagnants en commettaient 49,94.

Suite à ces résultats, que faut-il conclure? Que le soccer est un sport violent? Que le soccer est un sport d'interactions, ce serait sûrement plus réaliste. Avec les résultats de cette recherche, nous pourrons dégager des tendances de ce sport et porter un jugement sur sa réelle valeur éducative.