RÉSUMÉ
La littérature moderne, dans toutes ses langues, a projeté, notamment au cours de ce siècle, un éclairage fascinant et terrifiant sur le monde, parce qu'elle a su placer l'homme face à son effroi, celui de l'ambiguïté même des faits et choses qui l'entourent, son extériorité en somme, lui faisant alors prendre conscience d'une existence se distinguant difficilement d'un rêve. L'artiste recherche toujours la pureté des formes, mais dans son entreprise immense et peu temporelle, ne la trouve jamais. Voilà le merveilleux de l'art et de la littérature. Ils ne s'épuisent pas et assurent la prospérité du langage, la lucidité lumineuse face à l'obscurité où l'être doit séjourner.
Il faut préciser, au départ, que ce mémoire de maîtrise en études littéraires sera une approche phénoménologique de l'oeuvre de l'écrivain français Maurice Blanchot. Son but sera, d'abord, de mettre en lumière deux conditions qui ont guidé Blanchot dans son cheminement littéraire : le silence du monde et la solitude essentielle. Ensuite, ce mémoire consistera en une tentative de description de ce que j'appellerai le "lieu de l'avant-écriture ", c'est-à-dire la proximité de l'imaginaire antérieur. L'avant-écriture précéderait, à mon sens, l'espace littéraire blanchotien d'où émergerait précisément le moment de l'image du langage, prête à prendre forme sous la plume de l'écrivain.
Pour l'élaboration de ce mémoire, le choix de
Maurice Blanchot était, pour moi, nécessaire car son oeuvre porte, en elle,
le silence et la
solitude dans toute leur portée philosophique
et artistique. Ses ouvrages sont des documents incontournables pour mener
à bien une étude approfondie sur les élans créateurs modernes, sur la raison
ultime de l'existence de l'art et de la littérature eux-mêmes, la méditation
sur le réel, le mode d'énonciation philosophique de la facture de l'oeuvre.
L'essai
L'espace littéraire sera le livre-pivot de ma recherche. D'autres
ouvrages de Maurice Blanchot seront aussi à l'étude, mais encore, bien
évidemment, ceux d'autres auteurs, écrivains et philosophes, qui, par leurs
expertises distinctes de la littérature et de l'art, viendront m'aider
à étoffer ma réflexion sur l'expérience artistique.
Comment décrire le mouvement créatif lui-même, celui de l'émergence de la simple conscience d'exister, d'être du monde, dans le monde ? Les mots ne suffiront peut-être pas. L'abstraction demeure l'abstraction et le langage littéraire ou artistique, celui de l'étrangeté. Dans toute son étendue, par ses chapitres, ce mémoire se veut une approche générale et essentielle de l'univers essayiste et romanesque blanchotien que j'espère inédite.
5 juin 2001