L'évolution du concept de la justice dans l'Orestie d'Eschyle
Francis Hélie
03-2228976

RÉSUMÉ

L'objectif de ce mémoire est d'analyser l'évolution du concept de la justice dans L'Orestie d'Eschyle. L'auteur y montre aussi la pertinence philosophique d'une telle analyse dans le contexte de la philosophie contemporaine, en particulier en ce qui concerne des enjeux en esthétique et en éthique.

Le mémoire suit l'ordre de la trilogie tragique pour en souligner la structure dialectique. L'Agamemnon, première pièce de la tragédie, nous montre l'ordre ancien de vengeance basée sur l'aveugle action de l'Até et de l'Hubris. Cette vengeance agit sous la forme d'un cercle sans fin où le crime est payé par le crime. Celui qui tue le criminel devient lui-même un criminel.

Apollon place Les Choéphores sous l'autorité de l'ordre nouveau des Olympiens. Un ordre qui, bien que rigide et violent, n'en est pas moins un de véritable justice puisque seul le criminel y mérite la punition. Celui qui agit par justice ne devrait craindre aucune représailles. Cependant, le conflit entre les deux ordres qui menace de détruire Oreste et peut-être même l'humanité entière, force l'intervention d'Athéna et la fondation d'un troisième ordre, synthèse des deux autres. Dans Les Euménides, Eschyle rend possible l'intégration de l'ordre ancien représenté par les Érynies, dans l'ordre nouveau symbolisé par Apollon. Cette intégration se fait par l'établissement du tribunal de l'Aréopage qui change, à tout jamais, la relation entre les mortels et la justice.

Le mémoire se termine sur une partie dans laquelle la relation intime entre la tragédie grecque et la philosophie est explorée. L'auteur s'arrête particulièrement sur le conflit entre Platon et la tradition littéraire et théâtrale, incluant, bien entendu, la tragédie. L'hypothèse consiste à dire que les conflits de Platon avec la tragédie proviennent du fait qu'elle représente pour lui un adversaire plus direct et pertinent que les philosophes présocratiques, particulièrement en ce qui concerne la question de la justice.

9 novembre 2001