L'affirmation de soi comme moyen de réduction de la dissonance cognitive
chez les fumeurs
Jean-François Rhéaume
17639183
RÉSUMÉ
Depuis plus de quarante
ans, la théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957) et ses dérivés
ont permis de mieux décrypter les mécanismes entrant en scène lorsqu'un individu
pose un acte ou adopte une opinion inconséquente avec ses croyances ou ses
valeurs. Parmi ses nombreuses applications, le tabagisme demeure un phénomène
commun et complexe à circonscrire, vu l'impact des ses effets nocifs ainsi
que sa grande résistance à l'arrêt. Ciblant simultanément des objectifs théoriques
(développer le champ empirique de la théorie de la dissonance cognitive)
et appliqués (mieux comprendre le tabagisme), cette recherche comportait
trois hypothèses : tout d'abord, vérifier s'il est vrai que les fumeurs ressentent
bel et bien de la dissonance lorsque confrontés à leur comportement; ensuite,
éprouver une ré-interprétation de la dissonance, à savoir que l'affirmation
de soi (Steele, 1988) permet de réduire la dissonance ainsi induite et, corollairement,
mettre à l'épreuve la proposition selon laquelle une plus grande quantité
de dissonance soit liée à un niveau d'affirmation proportionnel afin de rétablir
l'état initial de confort psychologique. Pour ce faire, 54 étudiants fumeurs
de l'UQTR furent recrutés et complétèrent l'échelle d'estime de soi de Rosenberg
(1979) ainsi qu'une brève mesure de type Likert de leurs attitudes initiales
envers différents aspects reliés au tabagisme. Répartis aléatoirement en
trois groupes (avec ou sans affirmation de soi et contrôle) et conviés à
une rencontre individuelle, ils participèrent à une activité d'induction
de dissonance par la méthode de soumission induite. Par la suite, ils durent
compléter un questionnaire de type Likert comprenant les mesures d'affirmation et attitudinales finales, mesures
servant à établir la présence ou non de dissonance. L'analyse des résultats
ne permit pas de conclure à la présence de dissonance chez les participants,
que ce soit par l'entremise des mesures attitudînales ou par des mesures
d'affirmations de soi. Ainsi, ils semblent donc indiquer que, malgré une
procédure d'induction de dissonance, les participants n'ont pas ressenti
de dissonance concernant leur tabagisme. Outre l'absence de dissonance, les
résultats sont également discutés en termes d'absence de détection de la dissonance,
renforçant ainsi la proposition selon laquelle elle demeure complexe à saisir
ou encore que sa réduction ait pu emprunter d'autres stratégies de réduction
de dissonance, stratégies non envisagées dans cette recherche.
21 octobre 2003