La retraite est une transition de vie importante et serait stressante pour 30% des individus. Peu de recherches longitudinales portent sur l'adaptation des individus à cette période et la plupart utilisent des mesures autorapportées. Aucune étude recensée n'a traité de l'impact de cette transition sur le niveau de stress physiologique évalué par des mesures hormonales (cortisol). Les circuits hormonaux sont sensibles aux stresseurs et le cortisol voit son taux augmenter lors de situations stressantes aiguës et chroniques. Cette étude longitudinale vise à comprendre le processus de stress lors du passage à la retraite en combinant des mesures psychologiques et physiologiques. L'échantillon comprend 26 hommes rencontrés à deux temps: environ deux mois avant et quelques semaines après la retraite. À chacun des temps, ils complètent un questionnaire recueillant des informations sur le stress psychologique, les motifs de départ à la retraite et des renseignements personnels. Le devis implique également que les participants procèdent à trois autoprélèvements salivaires (lever, 16h30, 20h30) pendant quatre jours (temps 1: 2 de congé et 2 de travail; temps 2: 2 de fin de semaine et 2 de semaine) afin d'évaluer le taux de cortisol. Ils dressent également un inventaire des stresseurs quotidiens à la fin de chacun de ces jours. Lorsque l'interviewer se rend chez les participants pour recueillir les échantillons, il répertorie les médicaments consommés et les événements de vie survenus. Des corrélations sont effectuées pour vérifier la relation entre les mesures de stress psychologique et physiologique. Les résultats obtenus ne permettent pas de conclure à un lien systématique entre ces deux types de mesure. Pour vérifier si les niveaux de stress psychologique et physiologique sont plus élevés avant la retraite qu'après, deux analyses sont effectuées. Un test t pour échantillons reliés permet de vérifier l'hypothèse concernant le stress psychologique. Les résultats révèlent que les hommes obtiennent un score de stress psychologique plus élevé deux mois avant la retraite qu'après celle-ci. L'hypothèse concernant le stress physiologique est vérifiée à l'aide d'une analyse de variance 3 (moments des prélèvements) X 2 (types de journée) X 2 (temps de mesure). Deux effets principaux ressortent de cette analyse : un effet moment de la journée et un effet type de journée. Le taux de cortisol au lever est supérieur à celui de 16h30, lequel est plus élevé que celui de 20h30 et les hommes présentent un taux de cortisol supérieur lors des journées de travail ou de semaine que lors des journées de congé ou de fin de semaine. Par contre, il n'y a pas de différence significative entre les taux de cortisol salivaire mesurés aux deux temps. Des corrélations sont effectuées entre l'échelle des motifs involontaires de départ à la retraite (temps 1) et les mesures de stress psychologique et physiologique. Seule la corrélation entre l'échelle des motifs involontaires et la mesure de stress psychologique du temps 1 est significative. Les résultats ne permettent pas de conclure en la présence d'un lien systématique entre les mesures de stress psychologique et physiologique. Le niveau de stress psychologique est plus élevé avant la retraite qu'après. Par contre, il est peu élevé par rapport à l'échantillon normatif masculin. Ce faible niveau de stress des participants pourrait expliquer l'absence de résultat significatif concernant la mesure physiologique. Les participants semblent présenter des caractéristiques qui favorisent l'adaptation à la retraite. De plus, la plupart accorde peu d'importance à des motifs involontaires dans la décision de partir à la retraite.