Les inondations de juillet 1996 au Saguenay : les effets psychologiques durable chez les adultes jeunes et âgés
Chantal Hovington
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RÉSUMÉ
Avec plus de 16 000 personnes évacuées, 400 résidences
détruites, 2 000 autres endommagées et des pertes qui excèdent
les 700 millions de dollars, les inondations de 1996 au Saguenay représentent
un des événements les plus marquants de l'histoire des sinistres
survenus au Québec. L'ampleur de ce désastre est si importante
qu'au-delà des dommages matériels, la plupart des victimes
risquent, selon de nombreuses recherches portant sur des désastres
comparables, de développer des problèmes physiques et psychologiques
à plus ou moins long terme. Jusqu'à maintenant, peu de chercheurs
canadiens ou québécois se sont intéressés aux
effets des catastrophes naturelles ou technologiques sur la santé
des personnes âgées. La plupart des recherches portant sur le
sujet ont été réalisées à la suite de
désastres survenus à l'extérieur du pays. Le nombre
restreint d'études s'étant intéressées à
comparer des groupes d'adultes d'âges différents à la
suite de catastrophe et le manque de consensus dans les écrits scientifiques
sont quelques-uns des éléments qui justifient l'importance
de la présente recherche dont l'originalité est d'être
réalisée dans le contexte d'un désastre survenu sur
le territoire québécois. Elle se propose de vérifier
les hypothèses suivantes : Hi La moyenne des scores obtenus
dans l'évaluation des symptômes liés à l'état
de stress post-traumatique, à la dépression et à l'anxiété
situationnelle chez les personnes âgées de 55 ans et plus est
inférieure aux groupes de participants de moins de 55 ans, cette différence
étant plus marquée pour les sinistrés. L'expérimentation
a été effectuée de mai jusqu'en août 1998 auprès
de 150 sinistrés et 144 non-sinistrés qui ont répondu
à un questionnaire (incluant entre
autres, des questions portant sur les caractéristiques sociodémographiques
et le contexte des inondations, ainsi que l'Impact of Event Scales (IES),
le Beck Depression Inventory (BDI) et le State-Trait Anxiety Inventory- forme
Y (STAI-Y)) à l'aide d'un interviewer. Afin de vérifier l'hypothèses
de recherche, une analyse de variance multivariée (2X2) a été
effectuée. Les résultats obtenus indiquent que,. deux ans après
les inondations, les sinistrés sont plus affectés que les non-sinistrés.
Parmi les variables étudiées, c'est l'état de stress
post-traumatique qui a le plus d'effet sur la santé des victimes.
Il n'y a pas de différence significative entre les groupes d'âge
pour les symptômes liés à l'état de stress post-traumatique,
à la dépression et à l'anxiété situationnelle.
Malgré les nombreux facteurs de vulnérabilité observés
chez les sinistrés âgés, comme le fait d'avoir un degré
de scolarité et un revenu familial faibles, d'être en moins
bonne santé, en plus d'être limités dans la poursuite
des activités et d'avoir reçu moins d'aide pour le nettoyage
et le ramassage de la maison et du terrain, les aînés ne sont
pas plus affectés que les adultes plus jeunes. Cette étude
permet de conclure que l'exposition aux inondations laisse des séquelles
psychologiques chez les sinistrés plus âgés et qu'il
faut en tenir compte lorsqu'il est question de donner des soins et d'apporter
du support aux victimes. Elle permet également de conclure de ne pas
sous-estimer les capacités d'adaptation des sinistrés plus
âgés.
9 janvier 2004