Profils
psychologiques différentiels de pratiquants de deux arts martiaux,
le judo et le karaté, et de non pratiquants
Jimmy Francoeur
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La
présente recherche s'intéresse à la relation entre la
pratique d'arts martiaux, notamment le karaté et le judo, et des variables
psychologiques. Les arts martiaux ont toujours eu la prétention d'améliorer
l'individu tant au plan physique que psychologique. Les maîtres des
traditions martiales indiquent dans leurs écrits que par un entraînement
assidu dans ces disciplines, des effets psychologiques apparaissent avec
le temps (Funakoshi, 1972; Otake, 2001). Certaines recherches, encore peu
nombreuses, démontrent néanmoins des relations entre la pratique
d'un art martial et des effets psychologiques; par exemple, l'entraînement
aux arts martiaux modifierait l'expérience du contrôle et de
la vulnérabilité (Madden, 1990), l'estime de soi (Richman et
Rehberg, 1986), le concept de soi (Finkenberg, 1990), la santé physique,
la confiance et la relaxation (Konzak et Klavora, 1984). L'objectif de cette
recherche est de vérifier dans un premier temps, si les pratiquants
d'arts martiaux différent des non pratiquants sur certaines variables
psychologiques. Également, de vérifier s'il existe des différences
entre les pratiquants de deux arts martiaux distincts, le karaté et
le judo, ce que très peu d'études ont réalisé.
Finalement, l'étude cherche à savoir s'il existe des différences
entre les pratiquants avancés et débutants de ces deux disciplines.
Cent vingt personnes volontaires ont participé à cette recherche.
Les groupes "judo", "karaté" et "contrôle" sont respectivement
composés de. quarante personnes. Les variables dépendantes
de la présente recherche sont la dépression, l'anxiété
de trait et d'état, l'actualisation de soi et un ensemble de variables
de personnalité. Afin de mesurer ces variables, les instruments psychométriques
suivants furent utilisés: le CES-D-F (Center for Epidemiologic Studies
Depression Scale), le STAI-Y (State-Trait Anxiety Inventory), le MAP (Mesure
d'actualisation du potentiel) et le 16-PF (16 Personality Factors). Les résultats
indiquent que les pratiquants d'arts martiaux, comparativement au groupe
témoin, seraient plus émotifs, plus individualistes et plus
imaginatifs et auraient un mode de pensée plus abstrait. Les résultats
révèlent également que les pratiquants d'arts martiaux
avancés sont différents des pratiquants novices au niveau de
l'anxiété de trait et d'état. Les pratiquants avancés
seraient davantage anxieux que les pratiquants novices. De plus, ils seraient
moins actualisés, en particulier au niveau de l'autonomie, de l'ouverture
à soi et de l'ouverture à la vie. En ce qui a trait aux échelles
du 16-PF, les pratiquants avancés s'avèrent plus indépendants
que les élèves débutants. Finalement, les judokas diffèrent
des karatékas en étant moins autosuffisants et moins sensibles.
Ils démontrent également moins de contrôle de soi. Les
principales conclusions de cette recherche confirment que les pratiquants
d'arts martiaux présentent un profil psychologique différent
des non pratiquants, profil plus marqué chez les avancés. De
plus, il a été possible de constater que les karatékas
laissent voir certaines caractéristiques psychologiques différentes
des judokas. Reste bien sûr à savoir si les différences
observées sont attribuables à la pratique d'un art martial
ou à un processus de sélection qui s'opérerait parmi
les pratiquants. Seules des études longitudinales permettront de faire
la lumière sur ces questions.
9 janvier 2004